Bilan 2014 à demi teinte au Mincom

Le 31 janvier dernier le ministre de la communication recevait les vœux de ses collaborateurs et de la presse nationale, mais le fait marquant a été l’absence des fonctionnaires appelés à faire valoir leurs droits à la retraite et le désintéressement de la presse à cette nouvelle cérémonie qui ressemblait à la dernière du genre pour Issa Tchiroma Bakary.

Le Mincom a choisi le dernier jour du mois de janvier comme beaucoup de ses collègues pour organiser la cérémonie de présentation des vœux à l’esplanade avant de son département ministériel. Comme d’habitude, annoncé à midi par voie de presse, l’événement a été reporté à 14 heures précise, mais c’est finalement vers les coups de 16 heures que Tchiroma Bakary a atterri au lieu de la fête.

Le programme rapidement déroulé par deux dames du ministère qui tremblaiet comme des feuilles mortes, est lancé et adouci par les interprétations du groupe Belinga, la demande de « farotage » de Guizo l’Amour, sans oublier l’humour pointu et adapté au contexte du Keguegue International. D’entrée de jeu pour remercier les collaborateurs retraités, les présentatrices de la cérémonie crieront dans le désert, aucun ne répondra à l’appel. C’est le froid dans la cour en plein soleil.

Par contre, dans la rubrique des décorations, les récipiendaires seront bien reçus. L’ancien DG de la Fecafoot, ancien chef des Sports à la télévision nationale, Jean Lambert Nang, aujourd’hui Directeur au ministère de la communication, a été fait Chevalier de l’Ordre National de la Valeur. Une manière pour ce confrère humilié pendant plusieurs années de rebondir dans les bureaux de Tchiroma Bakary.

En termes de discours, le public a eu droit à deux discours fleuve. Celui du Secrétaire Général du Mincom, qui dressait le bilan de l’année 2013 et déroulait les axes de stratégie à prendre pour la nouvelle année. C’est le patron du ministère qui a bouclé la boucle par un autre pavé de discours en français et en anglais. Une allocution qui a pratiquement endormi plus d’un journaliste présent au lieu de la cérémonie.

Tchiroma menace la presse

Sur l’état de santé de la communication au Cameroun, Issa Tchiroma qui prône la promotion de l’image du Cameroun à travers les médias, pense qu’il faut mettre en œuvre une information qualitative et quantitative dans le cadre de la promotion de la vie administrative. Mais dans la distribution des cartes et des points, le Mincom fait un développement deux poids deux mesures dans sa chapelle.

Cameroon Public Expansion est en sérieuse difficulté, l’Imprimerie Nationale tâtonne encore, la CRTV évolue dans la douleur tandis que la Sopecam est plutôt en forme. Pour ce qui est de ses propres collaborateurs, Tchiroma qui est au courant d’un certain nombre de pratiques indécentes a demandé à son SG de lui produire les noms des fonctionnaires indisciplinés et véreux, pour agir en conséquence.

Pour ce qui est de la presse privée, le ministre opposant mais allié au RDPC a pratiquement flagellé les chefs d’entreprises concernés, en parlant de la violation de la déontologie. Pourtant il s’agit parfois d’un problème de ligne éditoriale qu’on confond à l’observation des règles de la déontologie. Le ministre a encore menacé ceux des confrères qui sont dans son collimateur depuis qu’il est en poste.

Revenant sur les bons points qu’il se donne, étant juge et parti, le Mincom parle de l’aide publique à la communication privée octroyée à 168 organes à hauteur de 270 millions de nos francs. Mais il ne dit pas simplement que la clef de répartition est faite sur des critères subjectifs, où certains se retrouvent avec 100 francs pendant que d’autres empochent 3000 francs. Par ailleurs, il y a des organes qui reçoivent des enveloppes sans connaître le critère de leur éligibilité.

L’enfer c’est les autres

Le distributeur des points qui enseigne les leçons de déontologie aux autres ne s’enseigne pas d’abord lui-même et ne cherche pas à balayer sa propre cour avant de talocher ses voisins. On a remarqué par exemple que celui ou celle qui gagner le marché de gré à gré pour organiser la réception pour cette cérémonie des vœux a déposé sur la centaine de table installé à l’arrière du bâtiment principal, des bouteilles de vin ayant deux étiquettes différentes.

La belle de France devant et derrière on voit bien que le nectar trop léger à vu d’œil est embouteillé à Akwa à Douala. Du genre qu’il facture la bouteille à 5000 ou 7.500 francs mais il l’achète à 1000 francs pour être modeste.

Tchiroma Bakary vante le petit appui accordé à la presse privée chaque année, entre 150 et 270 millions, alors que dans les pays voisins, on ne cessera de le dire, la presse perçoit le milliard et plus. Il ajoute qu’en termes encore d’appui, la presse voyage avec le président et a été entretenu pendant les élections.

Au chapitre des flatteries, comme il excelle dans cette spécialité, le patron de la communication a fait une intrusion dans le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), pour dire que c’est l’instrument, le programme et l’invention des Grandes Réalisations du pouvoir en place.

Par cette pirouette magique, le ministre de la communication n’a pas manqué de cirer les bottes de Paul Biya pour certainement le flatter, afin que le président de la République l’épargne de l’érosion annoncé au gouvernement en gestation. Pendant qu’il invitait les journalistes à être des instructeurs jaloux de notre souveraineté, certains voyaient en cette cérémonie la dernière de Tchiroma avec la presse nationale.

Jean Charles Jérémie