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Déclin du football

Les entraîneurs camerounais sur le banc des accusés

Chaque fois qu’on parle de la descente aux enfers du football camerounais, un doigt accusateur a toujours été porté sur les dirigeants et les administrateurs en charge de sa gestion. Pourtant, tout part des terrains de football.

Banc canonLes scènes qui se passent sur les terrains de football à chaque début de saison sont tragiques et avilissantes. De plus en plus, les entraîneurs de football en complicité avec les présidents de clubs ont opté pour un mercantilisme à nulle autre pareille. Pour jouer dans un club de nos jours, il faut compter sur ses poches ou un proche qui a une cote solide auprès des responsables dudit club.

Sauf, si vous êtes Léo Messi, Neymar ou Maradona, que vous pouvez échapper au tamis bien verrouillé par les fossoyeurs de notre sport roi. La démarche est simple, ils font semblant d’organiser des tests de recrutements regroupant des centaines  de postulants. Etes-vous doués, ce n’est pas le problème du coach commerçant. Sa préoccupation c’est d’épingler le maximum de joueurs possibles qui peuvent lui verser quelque chose. Comme dans tous les secteurs de la vie au Cameroun, l’heure n’est plus au mérite ou au travail bien fait, on achète tout. Les jeunes joueurs capables et les inaptes se lancent donc à l’achat des places et des consciences des entraîneurs.

Tinkeu canonIls procèdent par tous les moyens pour s’insérer dans les clubs, pression avec des lettres de recommandation, les enveloppes d’argent sont en circulation et parfois sont accompagnés par leurs mentors sur les lieux des tests. Sur deux cent à trois cent joueurs qui font des tests, généralement les trente ou quarante qui sont retenus ne sont pas les meilleurs. Les fossoyeurs du football que sont les présidents et entraîneurs retiennent ceux qui dégainent les francs CFA.

Coaches tkcLes enfants des pauvres qui sont souvent doués sont sacrifiés à l’autel des intérêts occultes et de l’immoralité de ceux qui prétendent parler avec autorité du football. En plus de ces manœuvres malheureuses, beaucoup de coaches et présidents sont des arrivistes dans le milieu. Ce sont ceux que l’ancien joueur Ondoa Bernard Louis Marie, alias Cruff appelle souvent « des analphabètes du football ».

Ils arrivent pour paître leurs ventres, ils ne pensent qu’à la vente des joueurs, à la vente des matches et à toutes sortes de magouilles qui peuvent leur faire gagner quelque chose. Après avoir tout faussé à la base, ils se retrouvent avec des boiteux sur le terrain, alors que les génies et ceux qui peuvent faire mieux restent dans les quartiers. Conséquence, le spectacle fout le camp et le public répond automatiquement aux abonnés absents dans les stades.

Des forgerons derrière le cuir

Dg mekongoLors de la deuxième journée du championnat de ligue 1 à Yaoundé il y a quelques jours, nous avons assisté à un spectacle digne d’une preuve de la mort du football au Cameroun. Le match opposait le Canon de Yaoundé à Bamboutos de Mbouta, malgré la victoire des gars de Mbouda, 1 – 0, la leçon tirée de cette affiche était la honte. Un jeu décousu et très en dessous de la moyenne entre les deux protagonistes. Les matches de championnats des vacances sont souvent mieux que ce que nous avons vu ce jour.

On a vu des joueurs de première division incapables d’amortir un ballon, de le contrôler ou de tirer dans les buts. C’était ennuyeux de vivre ce spectacle. Pourtant, à l’époque des génies, Mbida Grégoire, Abéga Théophile, Thomas Nkono, Roger Milla et autres, les entraîneurs et les présidents allaient chercher les joueurs dans les collèges, les quartiers, les championnats des vacances. Parfois, on tente d’expliquer le mauvais état de santé de notre football par l’exode massif de nos jeunes footballeurs, mais en réalité le premier problème réside dans le faux casting entretenu par les présidents et leurs supposés entraîneurs du moment.

Des cheveux dans la soupe des footballeurs

Au début de cette saison encore, on a vu à Renaissance FC de Ngoumou qui est pourtant descendue en Ligue 2, le nouveau DG qui n’est pas du tout un habitué des milieux dire aux nombreux joueurs qui faisaient des tests au stade d’Ekounou qu’il a déjà son équipe et qu’il n’a plus besoin de joueurs. Or, c’est de cette manière que le club a toujours fonctionné, d’où sa relégation en division inférieure.

Certes, les dirigeants du football ont une grosse responsabilité dans la perdition de notre sport roi, la situation dans laquelle nous nous trouvons à la Fecafoot montre bien que ce sont les intérêts occultes qui guident les éléphants en place. C’est aussi vrai pour la politisation de l’affaire mais les présidents et les entraîneurs de clubs sont davantage au centre du débat. Ce sont les premiers torpilleurs du football camerounais.

Beaucoup de bons joueurs camerounais préfèrent rester au quartier que de vivre cette mascarade ahurissante au quotidien, beaucoup ont même fini par abandonner le foot à cause de ces pratiques ridicules. Certains entraîneurs et présidents vont même plus loin, en classant au cours des matches ceux qui leur fournissent du bifteck tout au long de la semaine.

Et comment donc à la fin le Cameroun ne sera pas classé dernier en coupe du monde en 2010 avec zéro point ? Comment ne sera-t-il pas classé dernier en coupe du monde 2014 avec toujours zéro point ? Comment ne manquera t-il pas deux CAN successives en 2012 et 2013 ? Comme toujours le bouc émissaire est vite trouvé, c’est Samuel Eto’o Fils qui a tout gâté et qui inspire les entraîneurs et les présidents de clubs. Le Cameroun est unique dans le monde.

Jean Charles Jérémie

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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