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Jeux africains 2015

Une vieille fourgonnette comme ambulance au stade Ahmadou Ahidjo

Les Lionnes du Cameroun ont obtenu leur qualification pour aller défendre leur titre remporté à Maputo aux jeux africains de Brazzaville en septembre prochain. Elles ont eu raison des Ethiopiennes en aller et retour.

Formation lionnesA l’occasion du dernier tour éliminatoire des jeux africains prévus en à Brazzaville au Congo cette année, les Lionnes du Cameroun croisaient pour le compte du match retour à Yaoundé leurs sœurs éthiopiennes. Au match aller, les Camerounaises ont battu leurs adversaires à domicile, 2 – 1. Pour le match retour le samedi 11 avril 2015, aucune erreur n’était permise, étant donné que les Ethiopiennes pouvaient aussi renverser la vapeur à Yaoundé.

Cette inquiétude va se confirmer dès l’entame du match, pratiquement trois minutes après le coup d’envoi, les visiteuses ouvrent le score par un bolide de 35 mètres balancé par Shitaye Sisaye, dossard N°10. La gardienne Ngo Ndom Annette n’a fait que constater les dégâts sans bouger. Le stade est plongé dans le silence, la peur s’installe dans les esprits.

Après ce but, les pouliches d’Enow Ngatchu s’organisent, elles jouent bien et cherchent à tout moment la direction des buts. Les filles bousculées de temps en temps par des contre offensives adverses tiennent bon, elles ont élu domicile dans le camp éthiopien qui subi leurs assauts répétés.

Ethiopienne teamLa pression va durer durant pratiquement toute la première mi-temps. C’est à deux minutes de la pause que la doyenne Christelle Ngono Manie sert sur le plateau Aboudi Onguéné, qui se débarrasse rapidement de la gardienne Dagmawit Mekonnen. L’égalisation est saluée par tout le public qui voit les espoirs revenir. Le ciel couvert laisse passer inaperçue une fine pluie au-dessus de la cuvette de Mfandena.

Les Lionnes maintiennent la pression à la reprise, même s’il y a quelques escarmouches dans leur camp. Ngo Ndom se repose tranquillement dans ses buts pendant que ses coéquipières vont à l’assaut du but victorieux. Ce sera fait lorsque Ngono Manie la passeuse de la première réalisation hérite d’un ballon à l’entrée de la surface et inscrit elle-même le but de la délivrance. Le stade exulte, l’écart est sécurisant, 4 – 2 sur l’ensemble des deux rencontres, le Cameroun tenant du titre des jeux africains ira se défendre à nouveau à Brazzaville.

L’homme du match

Jubile des lionnesC’est sans doute la femme du match pas l’homme du match. Elle arborait le dossard N°18 durant la rencontre, elle aura tout donné pour décourager des Ethiopiennes mal intentionnées à Yaoundé. Son nom, Michèle Akaba. Rapide, dribbleuse et physique sur les deux flancs qu’elle alternait avec Aboudi Onguéné, Akaba a donné des insomnies et du tournis aux défenseuses éthiopiennes samedi dernier à Mfandena.

C’est au point où certains journalistes lui ont demandé ce qu’elle avait mangé ce matin avant la rencontre pour péter cette forme et cette rage de vaincre. Elle qui a toujours eu des difficultés pour s’intégrer dans un groupe des filles étanche a donné une belle leçon d’humilité et de performance sur un terrain difficile. Même si les deux Michèle, Michel Ngono Manie et Michèle Akaba, ont été remplacées vers la fin de la rencontre par le coach, les autres ont pu défendre les couleurs nationales jusqu’au coup de sifflet finale de la Malienne Coulibaly Kankou qui a dirigé sans conviction cette rencontre pourtant décisive.

L’incident avilissant du jour

Durant la deuxième mi-temps, alors que les Ethiopiennes subissent la pression des Lionnes, elles sont visiblement essoufflées par les enjambées de nos ailières volantes appuyées par les arrières dites modernes. D’un coup, la petite capitaine Fatuma Ali s’écroule seule non loin du rond central. Ça rappelle de mauvais souvenirs. Les médecins de l’équipe l’entourent pour les premiers soins mais rien n’est fait. La directrice de la rencontre ordonne à l’ambulancier de se rapprocher du terrain pour l’accompagner dans un centre hospitalier.

Le chauffeur du Samu stationné vers le côté de Nlongkak monte dans son véhicule et ne parvient pas à démarrer son réchaud à pétrole. Les secouristes portent la jeune fille et courent vers la fourgonnette, le chauffeur lui fait semblant d’aller les aider à enfoncer la joueuse en danger à l’arrière. Puis il revient à la cabine et ne parvient pas toujours à démarrer son machin.

Les secouristes très sollicités se mettent à le pousser, le public crie au scandale. C’est la honte devant les étrangers. La fourgonnette réussit enfin à partir, mais à la sortie, le shaba lance des projectiles sur ce moteur à explosion. Plus tard, nous apprendrons que cette ambulance de fortune n’est pas arrivée à l’hôpital, c’est un taxi qui a finalement conduit la jeune fille dans un centre hospitalier pour les soins.

Juste pour une histoire de deal entre la Fecafoot et l’hôpital central, où des véhicules sans garantie sont réquisitionnés pour travailler au stade. On parle de 400.000 francs CFA versés au Samu pour aller jouer avec la vie d’une personne, de surcroît une étrangère.

Plus de peur que de mal, la joueuse qui a failli avaler sa langue a été réanimée et a retrouvé ses 5 sens. Et pendant que les Lionnes jubilaient, le lendemain, comme toujours, les Lions Espoirs battus à l’aller par le Zimbabwé, 0 – 1, ont été éliminés au retour à Yaoundé en réalisant un match nul insipide, 1 – 1. Une fois de plus, bravo aux dames qui iront à Brazzaville en septembre prochain et bien avant en coupe du monde au Canada en juin.

Jean Charles Jérémie

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021