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Mise au point.

Les quatre vérités de Mitna Théron Calvin

Il est le président de Gro-Ngolona de Yagoua, il est parmi ceux qui sont mis de côté par les dirigeants de la ligue de l’Extrême Nord. Il est aussi de ceux qui ont créé le Comité de Redressement du Football Camerounais et qui ont beaucoup œuvré pour le changement de l’exécutif de la fédération camerounaise de football. Par ailleurs, Calvin Mitna est le vice-président de l’Association des Clubs de Football Amateurs du Cameroun. Aujourd’hui  avec la passivité du Comité de Normalisation et la prorogation de son mandat pour 8 mois encore, il est pessimiste pour la sortie de l’auberge. Omnisport s’est entretenu avec lui peu avant la sentence de la Fifa de laisser le Comité de Normalisation poursuivre sa chevauchée vers l’enterrement de notre sport roi.

Calvin tagneVous êtes à la touche en Compagnie d’autres clubs depuis l’an dernier dans votre ligue, que comptez-vous faire pour reprendre les activités ?

Mitna Calvin : Si le club Gro-Ngolona Sports Academy  FC de Yagoua dont je suis le fondateur et les autres tels que Zapazon FA de Kaélé, Tourbillon FC  de Guidiguis, Boca  Junior de Mora, Avenir FC de Yagoua, Tokombéré FC et Diable rouge FC de Maroua sont exclus de toutes les activités organisées par la fédération, c’est à dessein,  car nous avons revendiqués nos droits qui sont d’ailleurs clairement stipulés dans les textes de la Fecafoot, ainsi que de ceux de la FIFA.

Malheureusement pour nous, les dirigeants de la ligue de l’Extrême Nord n’ont pas accédé à nos doléances et ont préféré régler les comptes des requérants estimant que ces derniers étaient de ceux qui ont contesté les récentes élections de la Fecafoot annulées pour les raisons connues de tous. C’était au mépris des buts statutaires de la Fecafoot et la  Fifa,  ainsi que des principes procéduraux de la gestion des affaires courantes des membres. Ces derniers ont décidé de sacrifier toute la jeunesse sportive de la région, car faut-il le dire, les clubs exclus sont les seuls dans la région qui encadrent les jeunes de toutes les catégories à travers leur formation à la pratique du football.

A ce jour, nous avons usé de toutes les voies de dénonciations  possibles et de recours internes en vain, et actuellement nous sommes en voie de saisir la chambre de conciliation et d’arbitrage institué au sein du Comité National Olympique et Sportif du Cameroun.

Est ce que ce n’est pas parce que vous embêtez les responsables de la ligue qu’ils vous ont exclus de leurs compétitions ? 

Mitna Calvin : C’est possible, car comme vous le savez certainement, le football a considérablement progressé à travers le monde et les dirigeants des clubs qui autrefois étaient manipulés et trainés par les dirigeants des organes de la fédération, ont compris qu’ils ont désormais des droits et des obligations. Nous ne pourrons plus accepter de jouer  aux compétitions  organisées par la fédération  sans licences et sans que les matches ne soient homologués conformément  à la réglementation.

Jusqu’à présent nous vivons divers types de discriminations où les champions sont fabriqués par les dirigeants des ligues et les intérêts des membres sont redistribués sans tenir compte  de l’équité des chances. Depuis la mise sur pied de l’association des clubs de football amateurs du Cameroun (ACFAC), qui  syndique les clubs amateurs dans le but de la défense de leurs intérêts, nous sommes devenus la cible à abattre de tous ceux qui souhaitent entretenir les abus et forfaits qui ont détruits cette activité.

Le collectif des clubs et l’ACFAC que vous avez créés ne servent donc à rien, puisque  vous n’arrivez pas à réintégrer la ligue ? 

Mitna Calvin : L’objectif de la création de l’association des clubs de football amateurs du Cameroun dont je suis l’un des vice-présidents  n’était pas d’intégrer les organes dirigeants au sein des ligues, mais plutôt d’avoir une représentativité  considérable au sein des organes délibérants statutaires de la Fecafoot, afin de défendre et de contrôler au mieux nos intérêts comme cela se fait dans toutes les associations mieux organisées.

D’ailleurs comme vous l’aurez certainement  constaté  notre association est en grande partie à l’origine des changements opérés dans le mouvement footballistique camerounais et nous continuerons notre travail dans le sens de l’amélioration définitive des conditions d’existance de nos clubs, dans celui de la modernisation des clubs, puis de l’amélioration du déroulement des compétitions auxquelles nos clubs prennent part, car il y va de nos intérêts.

Nous nous réjouissons de ce que la commission de révision des textes du Comité de Normalisation de la Fecafoot ait finalement dit le droit, puisque désormais les clubs seront seuls à siéger aux assises des ligues décentralisées conformément à la législation camerounaise. Nous en profitons pour inviter tous les clubs qui n’ont pas suivi notre mouvement à le rejoindre pour mieux exprimer notre voix le moment venu.

Est-ce que le problème de la ligue de l’Extrême Nord n’est pas lié à la question de la gestion même du football camerounais aujourd’hui ?

Mitna Calvin : En évoquant la question vous venez de creuver l’abcès du réel problème de la gestion des affaires courantes au sein de la Fecafoot. En effet, il est un constat général de ce que le manque d’infrastructures adaptées a participé en grande partie au frein  à l’émancipation et au développement du football dans l’ensemble de notre pays. Néanmoins le retard observé dans l’organisation, la projection des activités, la mise sur pied d’une procédure fiable de contrôle  et de suivie  du travail, l’inobservation des procédures réglementaires et l’absence de ressources expertes dans le domaine, ont autant de valeur que l’absence d’infrastructures à l’origine de la décrépitude du football au Cameroun.

A mon avis il est impératif que nous nous dotions d’un environnement sain adapté à ce milieu culturel, social, financier, politique et sportif  très complexe en pleine mutation. Il est aussi surtout question de disposer de ressources humaines managériales expertes maîtrisant les principes universels de gestion des affaires sportives. Ce qui n’est pas le cas au vu de la manière dont les affaires sont gérées à la Fecafoot.

J’ai été désagréablement surpris de voir le professeur Joseph Owona avec toute la considération que nous lui vouons mentir à toute l’opinion nationale et en présence des émissaires de la Fifa lorsqu’il a déclaré avoir mis sur pied à l’Extrême-Nord un comité de normalisation. Pourtant il n’en n’est rien. Le professeur Owona devait l’installer mais à la fin il a reconduit l’ancien bureau exécutif auteur des tripatouillages dans notre ligue.

Quelles sont vos relations avec le président de la ligue de l’Extrême Nord Boubakari Bello, alias Kariwa, et qui est-il dans le milieu du football ?

Mitna Calvin : Je n’ai pas de relations particulières avec ce monsieur que Joseph Owona nous a imposés. Pour moi il n’est pas un exemple pour la société et surtout pour la gestion d’une activité comme le football qui rassemble et éduque les jeunes. Saviez-vous que le sieur Boubakari Bello a été gracié par le chef de l’Etat après sa condamnation suite à son implication active au putsch du 6 avril 1984, où beaucoup de Camerounais sont morts, dont ceux de grandes personnalités de ce pays ?

Actuellement, je ne suis pas sûr que son casier judiciaire soit vierge, et ce c’est ce monsieur que le Comité de Normalisation soutient à l’Extrême Nord, alors qu’il ne connaît rien du football et est toujours absent. Les textes et le code électoral disqualifient d’office ce monsieur à la gestion d’une ligue, plus grave, il est lui-même président du club Ajax FC de Maroua qui évolue au championnat régional, en violation de la réglementation en vigueur.

Le Comité Exécutif de la Fifa vient proroger effectivement le mandat du Comité Owona, qu’est-ce qui va se passer maintenant, puisque vous êtes visiblement désavoués ?

Mitna Calvin : La Fifa vient une fois de plus de nous prouver qu’elle se trompe sur le cas du Cameroun, car elle ne prend ses décisions que sur la base de ses interlocuteurs statutaires qui peuvent leur faire de faux commentaires sur les réalités du terrain. Je pense qu’il faudrait que ce principe soit revu. C’est le même principe qui avait par le passé maintenu illégalement l’équipe Iya, et actuellement il est en train de maintenir quelqu’un qui n’est pas membre de la fédération, en violation de l’article 17, alinéa 3 des statuts de la Fifa. Il est l’un des critères fondamentaux et contraignant dans la désignation des membres des associations affiliées à la Fifa.

Cette disposition dit que même à titre intérimaire la Fifa ne peut désigner des membres dans ses associations que par voie d’élections ou de nominations internes. Ce qui suppose que dans le cas du Cameroun, les membres du Comité de Normalisation actuellement nommés par la Fifa ne devraient pas sortir du cadre de la grande famille des membres de la Fecafoot.

Nous avons donc été abusés par la Fifa qui a gravement violé ce principe très cher à elle, pire encore, elle a nommé des membres du gouvernement camerounais, des hommes politiques et des fonctionnaires de l’Etat, alors qu’elle ne l’autorise pas dans ses textes. Le Professeur Joseph Owona suit également  leur exemple en nommant par exemple Jean Jacques Ekobena, ancien directeur des stades, aujourd’hui président d’une fédération, la Fenassco, à la commission du football des jeunes. Autre exemple, la PCA du Canon de Yaoundé et de Canon filles est nommée à la commission nationale de football féminin, c’est être juge et parti. Cela suscite un conflit d’intérêts. C’est une violation grave des textes standards.

Avez-vous rencontré la mission de la Fifa qui vient de séjourner au Cameroun pour le bilan du travail du CN ?

Mitna Calvin : Malheureusement non, mais dès le retour de la mission à Zurich, Primo Corvaro qui avait reçu la demande d’audience des clubs de football amateurs, a quand même eu la gentillesse de nous répondre. D’ailleurs je vous tiens ici la teneur du message qu’il a laissé à l’adresse de l’ACFAC : « Bonjour, malheureusement il ne nous a pas été possible de vous rencontrer lors de notre séjour à Yaoundé. Comme vous le savez, nous sommes en train de travailler sur la révision des statuts de la Fecafoot, et toute question sur la représentativité des joueurs devrait être adressée au Comité de Normalisation. »

Nous nous réjouissons que Corvaro qui à notre avis reconnaît la valeur des entités affiliées aux associations ait eu l’amabilité de nous répondre, contrairement au Comité Owona qui ne répond à aucun courrier. D’ailleurs, le ministre des Sports serait aussi en train d’accuser le même Owona de ne pas répondre à ses correspondances et c’est aussi lui qui méprise notre Premier Ministre. Mais nous n’avons pas compris dans son message pourquoi Corvaro a souligné la question de la représentativité des joueurs, alors que l’ACFAC regroupe les clubs.

 Que faut-il faire globalement pour repartir sur de bonnes bases ?

Mitna Calvin : Je pense que nous aurons beaucoup à faire pour changer les mentalités des uns et des autres de par toutes les sensibilités. Mais il faudrait premièrement   remettre le football aux footballeurs c'est-à-dire à ceux qui y ont un intérêt général et qui intègrent les dispositions relatives au statut des membres de la fédération.  De plus, il faudra opérer les meilleurs choix dans la désignation des personnes qui vont diriger les exécutifs de toutes les entités de la fédération. Notre prochaine action c’est comme je vous l’ai dit, nous allons saisir le TAS pour régler définitivement ces balbutiements. Nous avons l’impression que la Fifa veut tuer notre football, parce que nous ne comprenons plus rien de cet activisme permanent.

Propos recueillis par Jean Charles Jérémie

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021