Vandalisme

A l’occasion de la cérémonie d’au revoir qui servait également de dernier test match avant leur départ pour la coupe du monde au Brésil, les Lions Indomptables ont fait ce qui ne s’était jamais vu ailleurs dans le monde. Le capitaine Eto’o Fils et ses lieutenants ont refusé de prendre le drapeau du pays.

Avant le début du dernier match test contre la Moldavie ce samedi 7 juin 2014 dans la cuvette de Mfandena, les premières rumeurs couraient déjà ça et là à travers les médias, mais personne n’y croyait. Certaines mauvaises langues soutenaient que les joueurs ont relancé avec force le débat autour de leurs primes au Mondial.

Il se disait que les joueurs ont décidé de laisser l’Etat camerounais avec leurs primes de participation, donc 50 millions x 23 joueurs, soit un milliards 150 millions de nos francs, pour mettre sur pied quelque chose d’utile pour la nation.

Mais en revanche, comme c’est la Fecafoot et son président du Comité de Normalisation qui sont dans le viseur des Lions, ils exigent la moitié des retombées de la coupe du monde à chaque étape traversée. Par exemple, comme le premier tour va donner environ 4,5 milliards de francs CFA à chaque nation, les joueurs attendent 4,5 milliards x 0,5, soit 2,25 milliards de FCFA. Ils attendent comme ça à chaque étape le fruit de leur boulot, selon leurs propres termes.

A l’approche du match, la menace des joueurs s’est musclée, ils ne voulaient plus sortir de l’hôtel pour aller au stade. A la fin, le bus des Lions Indomptables est arrivé tard au stade. Dans le groupe, pas de Samuel Eto’o, pas de Stéphane Mbia Etoundi et Jean II Makoun est sur le banc mais à l’écart.

Le match commence et se transforme rapidement en une rencontre de santé entre l’équipe nationale du Cameroun en route pour la coupe du monde dans une poule dure, et une formation moldave apparemment constituée de joueurs de basket. Les Moldaves face aux Lions pas du tout motivés n’arrivent même pas à aligner trois passes, les joueurs sont incapables d’amortir un simple ballon. Ce ne sont que leurs équipements qui montrent qu’ils sont des footballeurs, le reste n’est que du théâtre dans un cours enfantin.

Au milieu de la seconde période, le capitaine Eto’o Fils sort des vestiaires et se dirige vers le banc de touche où il prend place. Apparemment c’était pour filer un mot de passe à ses camarades de lutte. Dans ce match brouillon et bien énervant, les Lions forcent leur unique but devant des Moldaves malades qui se sont trompés de discipline.

Avant le coup de sifflet final, les speakers qui tentent d’être en phase avec le public pour soutenir l’équipe nationale, annoncent la remise du drapeau par le PM chef du Gouvernement à nos ambassadeurs. Comme partout ailleurs, c’est le capitaine des troupes qui en est le porte étendard. Mais à cinq minutes de la fin, Samuel Eto’o Fils choisit de reprendre le sentier des vestiaires et fond au sous-sol du stade Ahmadou Ahidjo.

Le ridicule à ciel ouvert

Au coup de sifflet final, les joueurs se dirigent vers le shaba et saluent les supporters, mais quand on s’attend à les voir faire le même geste vers la tribune présidentielle où est logé le Premier Ministre Philémon Yang, ils descendent tous dans les vestiaires.

Au lieu même de supprimer l’articulation concernant la remise du drapeau, compte tenu du mouvement d’humeur des joueurs, les dirigeants sportifs du Cameroun insistent sur l’affaire. Mais malheureusement, le PM va se retrouver face à l’encadrement technique, Philémon Yang malgré lui remettra le drapeau à l’Allemand Volker Finke. Une manière de vendre le Cameroun aux Allemands. Comme en souvenir du protectorat allemand. Ceux qui ont les yeux et la jugeote ont enfin compris que les Lions vont en balade de tourisme au Brésil. Pas pour une compétition d’envergure mondiale.

Les joueurs ont siégé au Mont Febe hôtel durant toute la journée de dimanche, alors qu’ils devaient quitter Yaoundé en matinée à bord d’un avion spécial. Il fallait régler cette histoire à la con des primes. Ils auraient finalement accepté les 50 millions chacun de primes de participation et 6% des retombées au premier tour, 20% au second tour et 50% en cas de qualification en finale. Dans le communiqué officiel qu’a signé le président du Comité de Normalisation Joseph Owona, les 6% correspondent à 5.800.000 francs CFA chacun. Soit encore une cagnotte de 133 millions 400.000 francs CFA. Le communiqué de la Fecafoot précise que c’est un prêt privé qui a permis de rassembler ce montant. Ce n’est qu’après avoir empoché 55.800.000 francs chacun que les joueurs ont accepté d’embarquer entre 3 heures et 4 heures du matin.

En 2010, après la déconfiture sud-africaine, on avait cru que l’équipe nationale du Cameroun devait être dissoute, rien n’a été fait, mais on a plutôt entendu parler des bannis de l’équipe et des trop perçus. Aujourd’hui, le même scénario est en train de se répéter, on espère que le gouvernement prendra ses responsabilités une bonne fois pour toute.

JCJ