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Emergence

Paul Biya interne son gouvernement aux Urgences

Pour le compte du 3e conseil ministériel ou conseil du Palais le 9 décembre 2014 à Etoudi, le président de la République du Cameroun a prescrit l’exécution d’un Plan d’Urgence en 3 ans à son gouvernement. Les recommandations du chef de l’Etat et ses attentes montrent bien que les dernières mesures prises pour l’atteinte de l’émergence n’ont pas été satisfaisantes.

Communication speciale pr 09 12 2014 featAlors que beaucoup d’observateurs et surtout la presse nationale ne comprenaient plus rien au sujet de l’inertie du régime en place, le président de la République est sorti comme d’habitude de manière impromptue de sa réserve. Paul Biya a convoqué un conseil de Palais qui n’était plus à l’ordre du jour.  « On pourra certes regretter qu’il ce soit fait attendre, je peux cependant comprendre qu’il ait fallu prendre le temps de choisir les meilleures options afin de pouvoir avancer sur des bases solides. », précise d’entrée de jeu le timonier des Grandes Ambitions dont les coups de tête sont de plus en plus redoutés en ce moment.

Le chef de l’Etat va d’abord se faire plaisir d’expliquer l’objectif poursuivi par le Plan d’Urgence qu’il engage en cette veille de fin d’année. Il doit accélérer le rythme de la croissance économique et améliorer les conditions de vie des populations. Il est question de porter cette croissance à terme à deux chiffres, mais surtout d’augmenter le pouvoir d’achat des Camerounais qui s’effrite chaque jour à cause d’une inflation sans cesse croissante.

Ensuite Paul Biya ne rate pas l’occasion de dispenser un cours rapide sur les tenants et les aboutissants du Plan d’Urgence. Pour le Docteur Honoris Causa, il s’agit d’un programme spécial de mesures et de projets visant à résoudre les besoins immédiats des populations. Ce plan est étalé sur une durée de 3 ans et concerne l’ensemble du territoire national. Le plan dont il est question, rappelle le président, est différent du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) qui reste la charte de développement du pays. Il n’entre pas non plus en collusion avec les feuilles de route ministérielles dont les échos sont de moins en moins perceptibles.

Les précautions ou la recette du chef

Pour mettre en route ce plan quinquennal tourné en urgence et réduit à 3 ans, le chef de l’Etat a fait appel au secteur bancaire qui sera chargé de le financer à hauteur de 925 milliards de nos francs. L’ordonnateur du renforcement de ce nouveau cap vers l’émergence met des garde-fous pour encadrer ses directives. Par exemple, les dépenses engagées pour la réalisation du PU devront respecter le montant des enveloppes financières agréées pour chaque opération. De manière que la charge financière du plan reste compatible avec l’équilibre des finances publiques et la gestion de la dette.

« Je tiens à attirer une nouvelle fois votre attention sur la nécessité de rationnaliser les dépenses et d’améliorer leur qualité dans un contexte international marqué par la rareté des ressources financières. », lâche Paul Biya en quelque sorte déçu par l’action gouvernementale qu’il veut exemplaire depuis qu’il a instruit la Rigueur et la Moralisation dans le quotidien des Camerounais. Il le constate si bien entre les lignes de sa communication. « Il m’a malheureusement été donné de constater que la qualité de la dépense publique n’a cessé de se détériorer, avec notamment une accumulation de dépenses dont la nécessité n’est plus évidente. », souligne à grand trait le prince d’Etoudi.

Le président cite d’ailleurs des cas malheureux de cette méprise, l’augmentation effrénée des dépenses des biens et services, l’accroissement excessif des missions à l’étranger, la multiplication des comités et des projets inappropriés et par ailleurs l’accroissement abusif des subventions. Il reconnait que cette situation regrettable demande des efforts de modération et de rationalisation dans la pratique. Et c’est ici que le président de la République dicte des instructions fermes aux membres du gouvernement chargés de faire exécuter le plan.

Ces distractions des fonds à répétition

« Je demande au gouvernement de réduire son train de vie en bloquant les dépenses des biens et services, et en réduisant drastiquement les frais de mission et les achats de véhicules et de carburant. La directive que je viens de donner permettra de dégager des ressources qui trouveraient un meilleur emploi dans nos grands projets et dans l’amélioration des conditions de vie de nos populations. », signale Paul Biya qui semble défoncer une porte largement ouverte.

Comme des enfants de l’école primaire, le chef de l’Etat explique des choses que devraient maîtriser les membres du gouvernement assis sur le banc des accusés. Quand il dit que l’esprit de réforme doit devenir une constante du comportement des membres du gouvernement et de l’administration, c’est comme si dire à un père de famille de donner l’argent de la ration à sa femme et de la scolarité de ses enfants relève d’un exploit.

Au contraire, chaque Camerounais devrait savoir que partout où il se trouve, il doit servir les usagers de bon cœur et s’engager à travailler sans réserve. En se disant qu’il travaille pour le bien du pays et non pour ses propres intérêts. En d’autres termes, le président devrait-il encore indiquer aux Camerounais comment ils doivent se comporter dans leurs bureaux ? Cela démontre de l’état de déliquescence de notre société.

« J’attire votre attention sur l’importance des enveloppes financières qui seront mises à votre disposition. Elles devront être gérées avec la plus grande rigueur et leur affectation scrupuleusement respectée. », indique le chef de l’Etat qui pense que le succès du Plan d’Urgence se mesurera à l’impact qu’il aura sur l’amélioration de notre croissance économique et celle des conditions de vie des Camerounais.

Cette sortie présidentielle inattendue s’apparente à un au revoir qui ne dit pas son nom de Paul Biya à l’équipe Yang Philémon. Tenez ! Le dernier remaniement a eu lieu le 9 décembre 2011, Paul Biya tient son conseil le 9 décembre 2014 et annonce un Plan d’Urgence qui va s’exécuter pendant 3 ans, le nombre d’années mis par l’équipe en ballottage, il y a là matière à réflexion. C’est sûr donc que le chef de l’Etat veut entrer aux Urgences  avec de nouveaux hommes pour des soins intensifs de l’appareil de l’Etat.

Jean Charles Jérémie

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021