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Une discipline collective rigoureuse : Le choix de Paul Biya pour 2014

Discours de fin d'année 2013

Dans son adresse à la nation le 31 décembre 2013 à la radio et à la télévision, le chef de l’Etat camerounais a dressé un bulletin à double vitesse. Il a distribué les bons et les mauvais points de la vie du pays au cours des 365 derniers jours. Si sur le plan économique il y a de réels espoirs compte tenu de l’embellie annoncée, le président met quand un bémol sur les comportements de ses compatriotes, état d’esprit qui peut saper les efforts faits jusque-là. De même, le chef de l’Etat brosse une situation sécuritaire alarmante au niveau des frontières. Paul Biya termine son discours par ce qu’il n’a plus eu le courage de prononcer depuis belle lurette, il fait un clin d’œil aux Lions Indomptables qui se sont qualifiés pour le Mondial 2014 au Brésil.

Dès ses premiers mots, le président de la République fait un rapport politique appréciable, la bonne tenue des sénatoriale le 14 avril 2013, bonne tenue aussi du double scrutin des Législatives et Municipales le 30 septembre 2013, qui donnent de bonnes raisons d’être satisfait au sommet de l’Etat. Ce satisfecit lui fait dire par ailleurs que 2013 ouvre de belles perspectives d’avenir.

Discours biya 1Et pour parachever la mise en place des institutions de la Républiques, il reparle du conseil constitutionnel qui sera la dernière étape du processus lancé depuis quelques années. Il précise d’ailleurs que ce sont des leviers qui vont assurer la stabilité du pays plus tard.

Sur le plan sanitaire, le président parle de l’enrichissement de la carte nationale avec la construction de nouvelles structures, le centre national des urgences de Yaoundé, l’hôpital gynéco obstétrique de Douala et l’hôpital de référence de Sangmelima, qui permettront de relever le niveau des soins locaux. Même s’il existe toujours un double problème dans ces centres, le coût élevé des soins pas toujours à la portée de tous et l’absence de la maintenance des équipements, qui aboutissent à l’abandon des lieux. C’est le cas des hôpitaux généraux de Yaoundé et Douala.

De ce discours de plus de 20 minutes, le chef de l’Etat camerounais s’est surtout attardé sur les questions économiques et de sécurité.

L’économie nationale en marche

Riz savonPour lui elle reprend des couleurs grâce aux efforts de tous les Camerounais certes, mais surtout aux crédits publics et aux recettes pétrolières de plus en plus maîtrisées. Le taux de croissance attendu était de 6,1% mais le Cameroun a pu se situer à 4,8%, ce qui est encourageant, même s’il faut redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs fixés. « Nous devons mobiliser les énergies dans cette direction », soutient Biya qui sait qu’il faut améliorer le pouvoir d’achat des Camerounais et créer de nouveaux emplois.

Certes, le pays est sur la route d’une économie prospère, mais cependant il y a toujours des contingences qu’il faut abolir pour tendre vers l’émergence tant prônée et atteindre la République exemplaire qu’il évoquait le 31 décembre 2012. Le constat est là, la réussite personnelle au détriment de l’intérêt général reste une tare dans notre pays. « Nous sommes un peuple d’individualistes… », précise Paul Biya qui trouve par ailleurs que notre administration reste perméable à l’intérêt particulier. Il y a toujours des lenteurs impensables dans le fonctionnement de l’appareil de l’Etat et des dysfonctionnements inadmissibles. Le président ne comprend pas toujours pourquoi le taux d’exécution du budget de l’Etat ne dépasse pas les 50% dans une seule région du pays chaque année.

Paul Biya reconnait que les Camerounais sont intelligents et travailleurs, il est clair que nous ne sommes pas incapables de réaliser ce que d’autres pays de notre calibre font. Pour cela le président demande que des échéances à respecter impérativement soient fixées et que tous les points de blocage soient supprimés pour avancer sûrement.

« Dans un Etat moderne, cette dérive ne doit pas être tolérée », actionne Paul Barthélémy Biya Bi Mvondo, en parlant de l’enrichissement illicite des uns et des autres et de l’inertie qui gangrène l’appareil de l’Etat. Une manière aussi d’annoncer en sourdine les prochaines frappes de l’homme Lion contre les prévaricateurs de la République et les comportements déviants, qui noient même les personnalités qu’on ne pouvait pas soupçonner. Les professeurs, les docteurs, les ministres, les DG, les hommes d’église, tout le monde est pris dans cette nasse vertigineuse.

La sécurité nationale en péril

Policiers divagation 1La montée de l’insécurité au Cameroun est inquiétante, on était habitué au petit et grand banditisme à l’intérieur du pays, mais ces derniers temps c’est la criminalité transfrontalière qui a élu domicile au berceau de nos ancêtres. L’Extrême Nord et l’Est du pays sont les régions les plus sollicitées par des bandes armées, plusieurs prises d’otage ont déjà eu lieu chez nous, où les pirates agissent pour exiger des rançons. Pour une fois on entend le président parler de rançon dans ces attaques troublantes qui visent généralement les ressortissants français.

Heureusement que tous les rapts ont toujours une fin heureuse, après la famille Moulin Fournier c’est le prêtre français Georges Vandenbeusch pris il y a quelques mois qui a été libéré la veille de cette fin d’année à la grande satisfaction de tous, donc de François Hollande de la France.

Le président Paul Biya en a profité pour féliciter les unités d’élite qui œuvrent au niveau des frontières avec les pays voisins. Mais en même temps qu’il félicite les forces de l’ordre, il demande la collaboration des populations et prévient qu’il faut rester sur nos gardes car les forces d’élite peuvent intervenir à tout moment. Une manière de préparer des offensives contre les envahisseurs qui sont tapis dans l’ombre. On dit bien que qui veut la paix prépare la guerre.

Et pour expliquer l’absence du président lors des obsèques de Nelson Madiba Mandela en Afrique du Sud, il y a cette question d’insécurité. Contrairement à tout ce qui se disait ça et là et dans les journaux. Beaucoup ont même traité le président de méchant pour justifier son absence au pays Arc-en-ciel. C’est dire que cette question de sécurité l’interpelle au plus haut point.

En évoquant ce qui se passe en RCA en ce moment et qui peut contaminer le voisinage, Paul Biya indique pour la gouverne de ces Camerounais qui souhaitaient qu’il y ait guerre dans leur pays que cette situation permet de réaliser jusqu’où peut aller l’instabilité. Des morts en série, des scènes de pillage, des milliers de sans abris et un chaos total.

Le souvenir des Lions

Entrainements lisseAprès plusieurs années sans prononcer l’exemple des Lions Indomptables, le chef de l’Etat a encore eu l’occasion d’évoquer l’équipe nationale du Cameroun dans son discours, ceci à la faveur de leur qualification pour la coupe du monde Brésil 2014. « Chers Lions Indomptables, faites-nous vibrer encore, le peuple camerounais est avec vous. », a lancé le président qui faisait allusion à l’épopée faste de l’été italien en 1990, lorsque le Cameroun a atteint la phase des quarts de finale d’une coupe du monde.

Sauf qu’il y a au préalable des tas de réglages à faire pour que ces jeunes Lions vibrent et fassent vibrer comme leurs aînés à l’époque. Le désordre à la Fecafoot, un ministre des Sports qui a hérité d’un portefeuille qui dépasse sa grande taille, la formation des clans et la balkanisation de l’équipe à cause de la recherche du leadership. On n’oublie pas la présence d’un entraîneur débrouillard (L’Allemand Volker Finke) installé dans un cafouillage bien connu dans la compagnie Iya Mohammed.

Ajouté à tous griefs la présence d’intervenants et d’acteurs sans rôles précis autour des Lions ou les détournements des budgets alloués aux campagnes des Lions, il y a toutes les raisons d’être inquiet pour ceux qui attendent de voir les Lions nous faire vibrer à nouveau. Il y a urgence à arrêter le remue-ménage ambiant dans la tanière. Sinon, c’est une grosse honte à l’horizon.

Le choix du président

Paul biyaPour terminer son allocution, Biya a dit clairement que nous sommes à la croisée des chemins, la croissance est à notre portée, la situation économique est enviable, mais ceci seul ne suffit pas. Il y a des sacrifices à faire ou à refaire pour atteindre enfin le bout du tunnel oublié dans les discours passés.

Pour y arriver au travers des écueils qui jonchent le parcours en question, le chef de l’Etat pense que cette conjoncture nous impose une discipline collective rigoureuse. C’est le seul choix à faire dans cette situation de chemins croisés. « Je vous invite à un nouveau sursaut patriotique », intime Paul Biya à ses compatriotes pour l’aider à traverser les dernières marches du pont. Il ne demande pas de couler la sueur à l’excès ni de verser du sang ni des larmes pour ce faire, mais juste la conscience et la discipline collectives.

Le Docteur Honoris Causa prescrit un plan d’urgence en rapport avec le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi, une discipline budgétaire, des échéances à respecter absolument, la fin des zones de dispersion et des doublons dans le travail, l’effort et le courage.

Et cela n’est un secret pour personne, ils ne sont pas très nombreux ceux des Camerounais qui n’aiment pas leur travail quand ils en ont, qui répondent mal aux usagers dans leurs lieux de service, qui sont au travail comme des forçats. Pourtant c’est l’amour de son travail qui va nous éviter de perdre les dossiers des usagers, qui va nous éviter les goulots d’étranglement dans les services et les pertes de temps inutiles, comme le relevait l’ancien cadre d’administration à l’Education nationale et ancien Premier Ministre du Cameroun.

Jean Charles Jérémie

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021